A l’occasion de la parution de son ouvrage Demain, un roi… (Clic), nous publions l’Interview de M. Richard Alain Marsaud de Labouygue.
Nous avions choisi une interview express, puis, il nous a semblé opportun d’entrer plus avant dans ce sujet essentiel en profitant d’une des très rares (trop rares…) occasions de l’aborder et de fouiller toutes les opportunités ou visions diverses qu’il recèle.
Richard Alain Marsaud de Labouygue a exercé durant dix ans comme chef de programme pour le compte de la Commission Européenne dans les pays d’Europe centrale et orientale achevant ce périple avec la qualité de Conseiller d’État Roumain. Tout en poursuivant son activité de Consultant Expert Juridique International, il est secrétaire général adjoint de l’ONG Identité Culture et Développement. Un programme est en cours d’élaboration sur les programmes européens Life Environment, concernant la destruction des déchets industriels.
L’Interview de Richard Alain Marsaud de Labouygue
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Royauté-News – Comme nous ici, pensez-vous que les Français ont reçu avec la Constitution de 58, un trésor encore ignoré même si les choses assez récemment ont fini par évoluer, dans les sphères farouchement opposées au fondateur de la Ve République ? (bien que paradoxalement, beaucoup de royalistes reconnaissent aujourd’hui la dimension monarchique de la Ve Rép.)
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Trésor ? Certes, cette Constitution de 1958 instaura en 1962 après Référendum, l’élection du Président au Suffrage Universel lui donnant une légitimité non partagée, celle du monarque, tel que cela fut le cas d’espèce avec Hugues Capet. Pour moi, de Gaulle est un Capétien. N’est ce pas le Président Chirac qui déclarait de son ministre de l’Intérieur, futur président : « je décide, il exécute ». Le Président est la clé de voûte du système, il détermine la politique, il en est l’aiguillon et l’arbitre avec les domaines réservés en politique extérieure. C’est un monarque. Le Professeur de droit constitutionnel, Pierre Avril a pu qualifier la constitution de Principat, c’est à dire l’étape intermédiaire avant la Monarchie. La Ve ne serait elle pas une Constitution inachevée ?
Royauté-News – Vous dites, en substance : les idéologues ont installé, par la Révolution, un « homme nouveau » qui disposerait de sa propre volonté. Ne pensez-vous pas que cette présentation dénie la capacité de l’homme à se doter d’une liberté indépendante ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Les idéologues ont installé « l’homme nouveau ». Destutt de Tracy a inventé vers 1796, le terme d’idéologie. « L’Être voulant », pour le philosophe est celui qui exprime une volonté sans laquelle il n’existerait pas. Est ce à dire qu’avant 1789 l’homme n’existait pas ? Le Roi en son Royaume, le Peuple en ses États. La démocratie ainsi exprimée est bien une réalité politique avant 1789, au même titre que les droits des gens avant les droits de l’homme. Joseph Fouché déclare vouloir « la régénération du Peuple ». Tous les régimes totalitaires et communistes en particulier ont pour but de modeler l’Homme selon leur idéologie. Où est la liberté ?
Royauté-News – Par constitution inachevée, pensez-vous à « la France couronnée » que certains royalistes français appellent de leur vœux ? Idée rejointe récemment par M. Emmanuel Macron qui déclarait à peu près : « sans le roi, il manque quelque chose…» ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – L’interprétation, peut être, celle que vous suggérez… Néanmoins, je considère davantage l’aspect constitutionnel, le Général de Gaulle en bon capétien nous a, selon moi, laissé la possibilité d’instaurer la Monarchie, avec une Constitution adaptable à cette opportunité que les circonstances faciliteraient.
Royauté-News – Cependant il faudrait contourner la disposition constitutionnelle selon laquelle il n’est pas permis d’envisager un autre régime que la république…
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Il n’y a aucune disposition qui pourrait s’opposer au changement de régime. La république instaurée pourrait basculer en monarchie sans qu’il y ait un recours au Conseil Constitutionnel, seulement par voie référendaire. Nous ne sommes pas dans le cas de Napoléon III avec un coup d’État comme base du changement de régime. Nous aurons peut être suite à cette interview des réactions de constitutionnalistes, certes, mais personnellement dans l’esprit gaullien, je ne vois un changement que dans la légalité.
Royauté-News – Lorsque vous faites constante référence aux Capétiens, les siècles Capétiens sont-ils pour vous la base, et la seule, sur laquelle le passage à la monarchie, que vous estimez possible et nous allons y revenir, devra s’appuyer ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Non seulement les Capétiens sont une référence, ils sont le socle de toute institution monarchique en France. Si je voulais entrer dans une dimension, dépassant toutes les considérations partisanes je dirais, comme beaucoup, mais qui n’appliquent pas : soyons pragmatiques. Pour moi, je considère que le Gaullisme, c’est la Pragmatique Capétienne qui finalise le destin de la France, dans son identité originelle.
Royauté-News – Voyez-vous la figure d’un Prince qui émerge aujourd’hui de cet héritage Capétien ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Voir la déclaration du Comte de Chambord en 1883 année de sa mort. Les lois d’exil se sont appliquées jusqu’en 1950 aux Bonaparte et aux Orléans. Aujourd’hui le Prince historiquement dynaste est Henri d’Orléans et après lui son fils Jean de France.
Royauté-News – D’après vous sont présents « les signes avant-coureurs de la monarchie dans ce début de XXI° siècle frémissant » : voyez-vous le Comte de Paris, ou son fils le Prince Jean aptes à recevoir cette charge, en termes d’aptitude et de compétences et pas seulement sur le fondement d’une règle donnée ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Concernant les Princes, le Comte de Paris qui avance en âge n’aurait peut être pas envie de régner et serait peut être le premier prétendant à renoncer à la couronne pour son fils Jean de France, qui, lui, est préparé. Je vous conseille la lecture de son livre « Un prince français » où il développe et expose les valeurs de la France notamment sur la Famille et sur cette France charnelle que nous revendiquons. Le Prince Jean de France expose les principes généraux de gouvernement tels qu’il serait à même de les appliquer si nous faisions appel à lui.
Royauté-News – Quels sont, dans le détail, ces signes avant-coureurs du renouveau Capétien en ce début du XXI° s. ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Les cérémonies religieuses à Paris et en Province ce 21 janvier font état d’une participation croissante des français par rapport aux années précédentes. J’étais à Saint Germain l’Auxerrois ce 21 janvier. L’église affichait complet, voilà pour les faits. Les gens n’ont plus peur de dire qu’ils sont monarchistes, vous même vous en apportez la preuve en citant la déclaration du ministre du gouvernement actuel : « sans le roi il manque quelque chose ».
Sur la Pragmatique Gaulliste, tout le personnel politique semble aujourd’hui d’accord, depuis les politiquement corrects jusqu’aux atypiques et inattendus. Tous ont été ou seront gaullistes (1) ! L’argumentaire de mon essai reprend les problèmes sociétaux et institutionnels en dénonçant les dysfonctionnements, les errements qui constituent les symptômes que j’analyse afin de donner le diagnostic de la maladie pernicieuse qui nous ronge : la Révolution de 1789 … celle de 1968. Le remède c’est la Monarchie. Il faut lire attentivement cet essai qui n’est pas le fruit d’un travail de quelques jours ni même de quelques mois mais d’une accumulation de quelques années de recherches aux archives pour ce qui concernent les données historiques et philosophiques. J’ai appuyé mon développement sur les principes qui nous gouvernent et ceux qui mériteraient d’être revus par exemple l’organisation des régions, le Sénat que le Général de Gaulle voulait supprimer pour le remplacer par un haut conseil social, ainsi que les lois sur la participation dans le sens d’une meilleure justice redistributive selon Saint Thomas d’Aquin.
Vous avez raison, la question dynaste est d’importance aussi vaut-il mieux argumenter sur le principe afin de convaincre les français. N’est ce pas le Comte de Chambord qui déclarait : « mon principe est tout ».
Royauté-News – Vous dites que c’est elle qu’il faut bannir : votre critique de la Révolution est d’ordre fondamental, mais croyez-vous que la masse puisse accepter un tel revirement de pensées, profondément ancrées même si les Français, peuple frondeur, va jusqu’à exprimer désormais un mécontentement profond et radical ? En l’absence d’un personnage comme un Général de Gaulle, peut-on imaginer que l’idée de liberté, en ce sens qu’elle s’attache chez la plupart à la Révolution, ainsi que le sentiment commun en faveur de la république, puissent être renversées ?
Richard Alain Marsaud de Labouygue : – Les enseignements de l’histoire ont caché aux français la réalité de ce qu’était la France d’avant la Révolution. Ainsi les droits de l’homme existaient-ils et s’appelaient le droit des gens. Les réformes notamment entreprises sous les deux empires étaient déjà en cours d’élaboration : réforme de la justice et de ce qui correspondait alors au code pénal, la liberté des cultes, l’abandon des privilèges était déclaratif car dans les faits ils n’existaient plus notamment dans le cadre de la justice seigneuriale. S’il fallait résumer en une phrase, aux États Généraux, les cahiers de doléances étaient majoritairement communs à la noblesse et au Tiers-État. Les Régions et l’organisation territoriale étaient aussi une réalité concrète. Les grands corps de l’État n’ont pas attendu Napoléon, ils existaient déjà, le Conseil d’État notamment. L’avantage de notre siècle et d’apporter l’information à la disposition du plus grand nombre sur la toile ce qui devrait nous prémunir d’une forme de totalitarisme de la pensée et de reconnaître que la monarchie millénaire est garante des équilibres nécessaire et elle sait évoluer vers un mode de gouvernement dynamique qui met à part les intérêts partisans que de Gaulle a toujours combattus.
Royauté-News – Merci !
(1) Célèbre citation du Général de Gaulle ; ndlr.